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Les reformes constitutionnelles iniques ne peuvent qu’entrainer forcement des Coups d’États militaires. Par Dr Ben ZAHOUI-DÉGBOU. - AIPM Meaux
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Afrique francophone.

Les reformes constitutionnelles iniques ne peuvent qu’entrainer forcement des Coups d’États militaires. Par Dr Ben ZAHOUI-DÉGBOU.

Source : Glouzilet News Edition -- (Agence GLOUZILET) Date : 27-12-2025 02:04:52 -- N°: 149 -- Lu : 622 fois --

Les Chefs d'États de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

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En Afrique francophone, les coups d’États constitutionnels sont devenus un moyen banal pour les tenants du pouvoir, généralement des « valets » de l’impérialisme occidental, de conserver le pouvoir avec l’appui logistique et financier de la Communauté Internationale. Un rapide tour d’horizon justifie très bien cette hypothèse.

Les exemples de reformes constitutionnelles iniques qui ont été faites par ces « valets » locaux, dans les anciennes colonies françaises en Afrique, sont nombreux : Burkina Faso (Blaise Compaoré, 1987-2014), Tchad (Idris Déby Itno, 1990-2021), Guinée (Alpha Condé, 2010-2021), Cameroun (Paul Biya, 1982), Congo Brazzaville (Dénis Sassou Nguesso, 1997), Togo (Faure Gnassingbé, 2005). Côte d’Ivoire (Alassane Dramane Ouattara, 2011), Bénin (Patrice Talon 2016).

Avec tous ces anciens et actuels Chefs d’États, un constat est très vite fait,  c’est la volonté de ces « Gouverneurs des Territoires français d’Outre-Mer » de conserver le pouvoir et protéger les intérêts de la « Métropole », qui reste l’objectif principal des « coups d’États constitutionnels ». Ils sont faits, de façons récurrentes, sous le regard complice et malicieux de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO), de l’Union Africaine (UA), de l’Union Européenne (UE) et de l’Organisation des Nations-Unies (ONU).

Ces « coups d’États constitutionnels », les élections présidentielles sans les Leaders des  Oppositions significatives, les listes électorales truquées, les découpages électoraux qui ne répondent à aucune logique démographique et géographique, les Commissions électorales dites indépendantes et les Cours constitutionnelles instrumentalisées par les pouvoirs en place, traduisent clairement un profond déclin de la démocratie en Afrique francophone. Cette situation anachronique est malheureusement encore, la preuve d’une triste réalité, celle de l’existence  et de  la persistance des « Républiques bananières » sur le continent, ceci, après soixante-cinq ans d’indépendance des pays africains.

Pour les jeunes générations, il faut noter que le concept de « République bananière » a été lancé et popularisé par l'écrivain américain William Sydney Porter (1862–1910), plus connu sous le pseudonyme O. Henry. Il décrivait et dénonçait ainsi principalement les pays d'Amérique centrale dont les politiques et les économies étaient dominées par les intérêts étrangers des multinationales, notamment ceux de l’ United Fruit Company (UFCO, 1899) qui était la plus importante entreprise bananière du monde. Par extension, aujourd’hui, le concept de « République bananière » est utilisée pour qualifier, de manière satirique, voire ironique, « toute forme de régime politique considérée comme autoritaire, dictatorial et corrompu et qui doit son existence aux services qu'il offre aux multinationales et aux Gouvernements d’anciennes puissances coloniales », loin de tout contrôle budgétaire orthodoxe.

Dans ces « République bananière »,  « la gestion de la chose publique reste du domaine personnel et discrétionnaire du Président de la République, et tout contrôle de l’action gouvernementale relève du pur fantasme », (Benjamin Ngong, 2008). La culture du pouvoir en Afrique, appuyée  par le « Syndrome d’Hubris » semble alors être ramenée à la liberté de tuer impunément, de piller les caisses de l’État, de museler la presse et l’Opposition et d’emprisonner (par exemple, en Côte d’Ivoire, il y a en ce moment 1700 prisonniers politiques et d’opinions). Dans un système de Parti-État bien huilé, rares sont les Chefs d’État, les Ministres, les Directeurs Généraux, Directeurs et autres responsables de l’administration centrale qui font l’objet de poursuites judiciaires en cas de détournement de deniers publics.

La culture de l’impunité est devenue la règle. Indubitablement, cette situation met en mal le caractère déterminant du régime démocratique par opposition au régime dictatorial devenu monnaie courante en Afrique francophone notamment en Côte d’Ivoire. Le Coup d’État manqué dernièrement au Bénin (7 décembre 2025) est une conséquence visible du musèlement subtile du Peuple par des reformes constitutionnelles qui renforcent la pensée unique, l’impunité des suiveurs de Patrice Talon et les emprisonnements des Opposants dont certains sont contraints à l’exil. Après avoir verrouillé l’Assemblée Nationale, devenue monocolore, celle-ci a malheureusement engendré par les élections législatives en 2019, une série de réformes dont la révision de la constitution du 11 décembre 1990 par la loi 2019-40 du 7 novembre 2019.

« Cette loi de révision constitutionnelle est le sous-bassement de la crise au Bénin » selon le Docteur Nathaniel KITTI, Enseignant-Chercheur en Droit public et en Science politique à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) au Bénin. Parmi les nombreux articles touchés qui ont complètement désorganisé « l’architecture constitutionnelle » béninoise figure le fameux système de parrainage des candidats aux élections législatives. Ce système exclut d’office les candidats de l’Opposition de toutes le élections dans le pays. Dernièrement encore, à quelques mois de l’élection présidentielle, la création d’un Sénat et l’allongement incompréhensibles des mandats électifs de 5 à 7 ans sont les points majeurs de la révision constitutionnelle adoptée le 15 novembre 2025.

Dans les rangs de l'Opposition, la création de cette seconde chambre parlementaire  suscite naturellement de vives critiques. Elle s'indigne justement, du fait que ses « membres ne seront pas élus et vont donc siéger sans aucun mandat du peuple » . Pour l’Opposition  ce nouveau Sénat est donc une institution créée sur-mesure pour le Président Patrice Talon pour qu’il puisse garder le contrôle sur le futur Président élu. Il l’a déjà lui-même choisi en la personne de Romuald Wadagni, son Ministre de l'Économie et des Finances. Ce technocrate, peu connu,  sera donc le candidat à l'élection présidentielle de 2026, de l'Union progressiste-Le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain (BR), la Mouvance présidentielle au Bénin.

« Tout y est déjà bouclé » par le régime de Patrice Talon, lorsque survient la tentative de Coup d'État le 7 décembre 2025. En effet, des éléments du troisième Bataillon Interarmes (BIA), une unité d’élites de la Garde Nationale de l’Armée de terre béninoise créée  en 2023, dirigée par le Lieutenant-colonel Pascal Éloge Tigri, annonce à la Télévision nationale, le renversement du Président béninois. Très tôt ce matin du dimanche 7 décembre 2025, ces éléments des Forces Spéciales prennent en otage deux Généraux à savoir Abou Issa, Chef d’État-Major de l’Armée de Terre et Faizou Gomina, Commandant de le Garde Nationale. Ils attaquent aussi les résidences de Patrice Talon et celle de Bertin Boda, son  Directeur de Cabinet.

Le Lieutenant-colonel Pascal Éloge Tigri, très discret et efficace dans les opérations militaires notamment Mirador, déployé en 2022 dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Nord du Bénin, est en rupture de « banc idéologique » avec sa hiérarchie dans la  stratégie  de lutte justement contre le terrorisme et la manière dont le Président Talon a exclu l’Opposition de tous les processus électoraux dans la pays.

Le Lieutenant-colonel Pascal Éloge Tigri et une centaine de ses frères d’armes ont finalement échoué  à prendre le pouvoir après une intervention d’avions de chasses en provenance de Lagos qui a frappé à plusieurs reprises leur position dans le camp militaire de Togbin à Cotonou. Une opération très controversée ordonnée par le Président nigérian Bola Tinubu sans l’autorisation du Parlement de son pays et sans un mandat en bonne et due forme de la CÉDÉAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest). L’intervention de l’armée nigériane s’est néanmoins révélée décisive pour désorganiser  le plan du Lieutenant-colonel Pascal Tigri, et ses camarades.

Il faut rappeler que cette intervention a été révélée par des sources sécuritaires, puis confirmée dimanche soir même (7 décembre 2025) dans un communiqué officiel du Gouvernement d’Abuja. Les autorités nigérianes expliquent avoir répondu à deux demandes distinctes du Ministère des Affaires Étrangères béninois, via une « Note verbale », afin d’obtenir un soutien aérien immédiat ainsi qu’une intervention des Forces terrestres nigérianes. Le Bénin a par la suite confirmé l’arrivée, dimanche (7 décembre 2025), de la Force en attente de la CÉDÉAO composée de forces nigérianes et ivoiriennes. L’organisation régionale a également annoncé le déploiement de cette force d’intervention rapide à laquelle doit se joindre le Ghana et la Sierra Leone dans les jours à venir. La France a, de son côté, indiqué avoir fourni un appui de surveillance, d’observation et de logistique aux forces armées béninoises.

Dans la forme et le fond, cette intervention d’Abuja à Cotonou appuyée par des militaires français,  pose un problème de confiance entre les loyalistes au Président Patrice Talon, Chef suprême des armées et les auteurs du coup d’État manqué. Dans les jours et mois à venir, il faut justement craindre que l’ambiance délétère dans la « Grande muette » ne devienne incontrôlable. Les attaques terroristes au nord du Bénin, du Togo, de la Côte d’Ivoire et l’influence grandissante en Afrique de l’Ouest, des pouvoirs militaires de l’AES (Alliance des États du Sahel), hostiles à l’Occident et proches de Moscou, qui  cherchent légitimement une ouverture sur l’Océan Atlantique, pourraient davantage alimenter les tensions sociopolitique et conduire à d’autres tentatives de coups d’États comme celui du 7 décembre 2025 au Bénin. Il est bon de préciser qu’aucun élément ne prouve, à ce jour, un appui logistique et financier direct des pays de l’AES au Lieutenant-Colonel Tigri.

Après les coups d’États récents survenus en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Niger, Mali, Guinée Conakry et Guinée-Bissau), le Nigéria, la CÉDÉAO et la France ne sont pas militairement intervenus dans ces pays. Ils restent néanmoins dans leurs collimateurs et les menaces de déstabilisations ne cessent de planer sur eux. Cependant, le cas de la Guinée-Bissau suscite beaucoup d’interrogations sur les motivations mêmes du coup d’État survenu le 26 novembre 2025 dans ce  petit pays de 2,71 millions d’habitants (ONU, 2025) dont la majorité a montré un certain soulagement après la chute du Président du Umaro Sissoco Embaló  . Contrairement au soutien populaire massif des coups d’État dans la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES), le Peuple béninois n’est pas descendue dans les rues pour marquer son soutien au Lieutenant-colonel Pascal Éloge Tigri, et à ses camarades. Conséquences : ce manque de ferveur populaire a justement permis à la Garde Républicaine, resté fidèle à Patrice Talon, de repousser efficacement, dès l’aube du dimanche 7 décembre 2025, l’attaque de sa Résidence  et la reprise du contrôle de la Télévision Nationale, avant que des frappes de l’Armée de l’Air nigériane et des Forces spéciales françaises ne viennent mettre fin à la tentative de coup d’État.

Tout compte fait, c’est un sérieux avertissement pour le locataire du Palais de la Marina , la Résidence officielle du Président de la République du Bénin. Selon des sources crédibles, Patrice Talon a été terriblement secoué par la tentative de coup d’État malgré les apparences trompeuses qu’il affiche. Dans une adresse à la Nation (18 décembre 2025), il parle d’une poignée de « voyous égarés » qui ont opéré la tentative de coup d’État. Après cette sortie fleuve et inopportune, tout le monde se pose une seule question : « pourquoi avoir fait appel à des Forces étrangères notamment françaises et nigérianes pour neutraliser une poignée de  voyous égarés ».

Patrice Talon, personnage caractérisé par une rhétorique arrogante et bravache, au pouvoir depuis 2016, doit normalement arriver au terme de son second mandat en avril 2026, le maximum autorisé par la Constitution. « Les Démocrates », le principal parti de l’Opposition est écarté de la prochaine élection  présidentielle. Il faut dire que si Patrice Talon est salué pour quelques embellies économique du Bénin, il est régulièrement accusé par ses nombreux détracteurs d’avoir opéré un virage autoritaire dans un pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie depuis la Conférence Nationale de 1990. Il faut aussi dire que l’histoire politique du Bénin (14,8 millions d’habitants, 2025) est jalonnée par plusieurs tentatives de coups d’État et coups d’État dont le premier fut opéré le 28 octobre 1963 par le Général Christophe (1909-1983) , (l’oncle de Nicéphore Soglo, ancien Président, 1991-1996). Il prit le contrôle de la République du Dahomey (ancienne appellation du Bénin) pour empêcher une guerre civile. Le Général Soglo renversa Hubert Maga dont la présidence fut marquée par une grave crise sociale et économique.

Le  26 octobre 1972 , le Major Mathieu Kérékou (1972-1991), pris lui-aussi le contrôle de la République du Dahomey par un coup d’État militaire. Il  mit fin à un système de Gouvernement à « trois têtes » établi à la suite de l'annulation de l'élection présidentielle de 1970. Au cours de cette Gouvernance collégiale  trois membres du Conseil présidentiel (Hubert Maga, Justin Ahomadégbé-Tomêtin et Sourou-Migan Apithy) durent se succéder  pouvoir. Ahomadégbé-Tomêtin était le Président en fonction au moment du coup d'État du Major Mathieu kérékou qui est revenu au pouvoir ( 1996–2006) après Nicéphore Soglo 1991-1996) . Cinq coups d’État militaires sont survenus au Bénin depuis l’indépendance de ce pays le 1 er août 1960. Ils ont été opérés, ces coups d’États, sous le contrôle bienveillant de l’ancienne puissance coloniale qui est venue rétablir l’ordre à Cotonou le 7 décembre 2025 à « l’invitation du Gouvernement » béninois.

Dr Ben ZAHOUI-DÉGBOU

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Auteur : Dr Ben ZAHOUI DÉGBOU,
Géographe-Journaliste, Spécialiste
de Géopolitique et Enseignant-Chercheur
en Commerce International

Masterant en Théologie, BIBLEDOC, Institut de Théologie, P.O. BOX 118 STAFFORD, VA – USA

Mise en page et illustration :
ADJI Dagbo (glouziletnews.com)
Agence Glouzilet.
Paris le 27 Décembre 2025



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